Mots pour maux

Avant de Voir ce Con dont la camionnette déviait de sa trajectoire, je menais une vie normale, j’étais heureuse quoi... Du moins je l’imagine en m’éveillant du coma, « salement amochée » et « emplâtrée de partout », avec un « grand vide froid » en guise de mémoire, où seules persistent quelques images furtives de l’accident. Mais ai-je des enfants ? Peut-être aussi un mari ou une maison ? Qui sont ces inconnus qui s’entêtent à me rendre visite ? Pourquoi et comment ai-je atterri en pays étranger, puisque je ne comprends pas ce qu’on me dit ? Bien pire, je ne peux plus communiquer car mon langage est, semble-t-il, subitement devenu abscons ! Pourtant, à force de volonté, je réapprends à vivre au jour le jour ; malheureusement, tous mes efforts pour acquérir une parole correcte, restent vains.

Mais revenue chez moi un an plus tard...

Toujours en surprenant le lecteur, c’est un roman « vécu de l’intérieur ». Il est particulièrement documenté en rééducation orthophonique et aide ainsi à mieux saisir le point de vue du malade en faisant comprendre aux non initiés - sinon vivre par procuration - ce que ressentent les personnes atteintes du lourd handicap qu’est l’Aphasie de Wernicke. Écrit au présent et à la première personne, il ne tombe jamais dans le pathos en étant émaillé de bon nombre de quiproquos où de pensées cocasses, qui l’allègent et le rendent amusant.